Le goût du désastre

En passant

Tous ceux qui, quel que soit le côté vers où ils se tournent voient le déclin veulent le déclin, aussi peu que cela soit, car la perception est immédiatement désir : discriminante, sélective, exigeante, installant dans le monde ses préférences et repères. Il y eut un jour, si proche, où la sensibilité se découvrit capable de discernement, de oui et de non. Ce « jugement » porté par les sens eux-mêmes, cet arbitrage regagné par les contestables témoins, on l’appela le goût. Il y en a qui se régalent de voir le monde sombrer. Aussi les vérités que parfois ils soulèvent le sont pour leur noire beauté.

Se plaire à déplaire

En passant

Pour dire les choses de manière extrêmement schématique mais, en même temps, pour les amener dans une clarté plus vive, on pourrait dire qu’à partir du moment où, de Freud à Merleau-Ponty et d’autres, on a sexualisé de manière radicale la réalité psycho-physique de l’homme – c’est-à-dire, du point de vue d’une expérience multi-séculaire comme celle chrétienne du corps, transformer entièrement celui-ci en chair – chaque sensation, chaque perception, chaque action s’est trouvée en son fond agie et dominée par le couple plaisir-désir. On ne se tourne que vers ce que l’on désire, on ne retient que ce qui nous plaît. Il n’y a de sensibilité que sensuelle, il n’y a dans le monde de prise et même d’expérience d’une réalité possible que charnelle. Toujours chercher, donc, dans ce qui nous déplaît et que l’on décline, quel autre plaisir vient à en souffrir et quel autre vient à en jouir. Qu’est-ce qui nous plaît, ainsi, à vouloir nous déplaire ?