Sentir ou accueillir malgré soi celui qui frappe sans forcer les portes, le visiteur intempestif qui met à l’épreuve notre hospitalité.
Sentir ou contempler tout autour, tournant, retourné, embrassant ce qui tombe, ce qui vient à portée : l’ennemi par surprise ou la pluie attendue si longtemps.
Sentir et surtout fendre la bise, percer la pierre, rompre les fourrés, s’exposer en se portant à la pointe, au devant : provoquer la rencontre au lieu de l’attendre ou de l’accepter.
Hier soir, je les ai encore entendus.
Depuis je ne rêve que d’une chose…
Voir son visage qui hurle.
Qui hurle de vie.
Je rêve…
— Tu rêves !
— Non, non, pas le moins du monde d’abattre les idoles qui gesticulent derrière leurs écrans, encore moins de briser les autels au sein desquels elles reposent.
A quoi bon faire sonner les parois de verre pour éprouver de ce qu’elles disent et manifestent si bruyamment,
il suffit de faire tourner le bouton,
d’appuyer sur la touche,
de glisser le doigt sur l’écran,
c’est selon.
Tu parles ?
— Non, je…
— Oui ?
… non je rêve de faire exploser les idoles en poussière d’or, de fer ou d’étain,
et de voir miroiter leurs étoiles, brillantes ou ternes, sur le sol saccagé.
Je préfère un écran brisé en milliers de mirages que la vue d’un soleil unique et majestueux.
