Acclimatation

Je ne sais encore si le Nouveau Monde est devenue, comme tant d’autres territoires occidentaux, une nouvelle terre de sauvagerie ou s’il fut brusquement peuplé de sauvages sur un sol qui ne l’était pas. Je ne sais, en quelque sorte, si les Sauvages ont cessé d’être ce qu’ils étaient en Europe, c’est-à-dire des hommes des bois, des hommes, réels ou imaginés peu importe, pour qui le lieu où l’on habite, où l’on séjourne, est indissociable de la façon dont on se présente. En Europe, la forêt décidait à la fois de leur nom et de leur aspect. Mais aux Amériques ? De tels êtres pouvaient-ils encore surgir du fond des nouveaux paysages ? Et si les paysages européens s’étaient transportés aussi loin, la forêt américaine avait-elle trouvé une place dans les paysages importés ?  Une place aussi importante que celle qu’elle avait en Europe ? Je me demande comment des sauvages ont pu apparaître dans le Nouveau Monde si le site qui les abritait d’ordinaire n’était plus en mesure de faire paysage ? Les Amériques ont-elles été ensauvagées comme en Europe ou les Sauvages ont trouvé dans un nouvel élément l’espace possible de leur manifestation ? Comment l’expérience de la sauvagerie s’est-elle adaptée à ce nouveau climat ?