Les images qui veillent au fond du langage, que le rêve n’éveille pas mais voue au contraire au sommeil, contractent nos possibilités de langage : elles ramassent les mots qui nous viennent du fond de la gorge, en resserrent le nombre, en pressent la substance, et les jettent au milieu d’autres images, elles aussi transparentes et invisibles, mais sur lesquelles cette fois, ces mots dureront un peu plus que le souffle qui les a lancés hors du corps qui les avait, un jour, le temps d’une nuit de songes, accueillis. Les métaphores, métonymies et tant d’autres tours de langage ne sont pas des images déposées au fond d’une langue qui devrait s’en défaire pour enfin parler clairement : elles sont à l’inverse l’épaisseur même du langage. Ces figures et les différences qu’elles autorisent dans l’emploi répété d’un même mot sont le parcours buissonnant de ces images empilées, écrasées, les unes sur les autres. →