Je suis un peuple en mouvement

Chacun appartient à un peuple sans terre, un groupe de corps vivants ayant pour caractère (imperceptible le plus souvent) une compréhension intuitive de l’espace et du temps. Il semble, pour ma part, que ce soit l’espace du retrait et de l’isolement qui me guide, tandis que le temps qui m’emporte serait plutôt celui de la veille : vigilance tardive autant que fuite dans l’antécédence obscure de l’avant. À partir de là se décident nos mouvements et nos déchirements ; le sort de nos rencontres ; le cas de nos évitements. À chacun de nos pas s’accomplit un voyage auquel survient un naufrage.