De quoi ?

En passant

On pourra discuter cent sept ans pour savoir si ce qu’on a vu ou entendu est réel mais quand, enfin, on aura répondu par l’affirmative, la question qu’alors on n’aura toujours pas lancée sera toujours celle-là : oui, peut-être, sûrement, mais la réalité de quoi ? Une grève, une baffe, un chant qui tombe des toits, c’est la réalité de quoi ?

Surtout ne déranger personne

En passant

Être mélancolique, cela signifie peut-être de se sentir déjà mort de son propre vivant : de là qu’elle se manifeste devant le peu de soin que l’on accorde aux mourants, de là cette haine contre les vivants oublieux, de là aussi cette asphyxie soudaine à proximité des lieux où l’on enferme les morts. Comment ne pas vouloir, au bout du compte, devenir simplement un fantôme et ne plus être capable de déranger rien ni personne sinon en hurlant dans le vent, en troublant les miroirs ? Vaut-il mieux un semblant de vie ou cette mort effective dans une vie expirante ?

Echec de réception

En passant

On nous serine tant de ne jamais oublier les horreurs du XXe siècle qu’à voir les déclarations de guerre, de haine, de mépris, d’impuissance, de bon nombre de nos représentants politiques, je finis par me demander si ces événements terribles les ont un jour véritablement atteints ? Je veux même dire concernés ? Sur qui tombent les bombes et sifflent les balles aujourd’hui ?

Devant l’aggravation des mesures d’exception, nous ne sommes plus citoyens, nous devenons civils. Ne nous reste plus qu’à savoir ce qui nous attend.