Les aventures du réel
Parfois il devient surréel, cette aventure dont je sais peu de choses sinon qu’elle se joue de la diversité du réel, des différentes cases, des différents ordres, des différentes régions, dans lequel il est bien rangé. Parfois une déréalisation le surprend et fait diminuer son intensité, le faisant ainsi passer par d’élémentaires états substantiellement différents. Fait frais. J’ai froid. Il gèle. J’me pèle. Et d’autres, il surgit complètement irréel, ses formes secouées, perturbées, déformées, altérées au point de finir méconnaissables et de devenir ainsi des images. Au fond d’une image dort ou guette toujours en silence un monstre. Un monstre à chaque instant prêt de s’effondrer ou d’exploser mais aussi capable de faire savoir ce qu’on a jamais senti jusque-là. Panique et nouvelle attention aux limites de la perception. La mise en garde d’un nouveau regard.
D’aventure
Il fut un temps où les voyageurs s’émerveillaient de tant de luxe, de variété, d’abondance, ramassés dans ces lieux qu’ils trouvaient d’aventure, qu’un monde nouveau s’ouvrait à chacun, ou presque, de leurs pas. Il n’y avait qu’un monde pour contenir autant de richesses. Pour rivaliser, même en réduction, avec l’immensité du cosmos.
La loi, la raison
Chez les Grecs, nous dit-on, la loi, impersonnelle et extérieure aux désordres des hommes, mettait à l’abri la raison. Elle y trouvait son lieu sûr. Quand la raison passa-t-elle dans le monde ? Quand l’œuvre de Dieu se dédoubla : ici en ouvrage des prophètes, le livre saint, là en ouvrage de la nature, le livre galiléen. Le monde eut sa loi. Et la raison, sa nouvelle demeure. Bientôt une inversion se produisit : l’ici s’éloigna, le là s’approcha ; le monde fut désormais plus près de nous que ne l’était le livre des livres. De son abri politique, la raison se réfugia vers la science. Au milieu des écarts, des exceptions, des aberrations, elle voyagea dans la loi.