Une des raisons essentielles qui m’avaient fait jadis abjurer en moi-même tout exercice érotique (faire saillir son désir à autrui quel qu’il soit) était la finesse de perception que j’avais acquise on ne sait comment des signes permanents de désir ; signes qui me transperçaient, me blessaient, m’esquivaient, me trouaient au point de développer chez moi une certaine paranoïa (chaque geste notable recelait un assaut désirant, l’événement d’une culbute). Tout ce qui passait mon horizon sensible simulait, le temps d’un coup de folie, un flux de désirs que je ne pouvais contenir.
J’étais littéralement submergé de désirs : des miens, des siens, des tiens, des vôtres, toutes les pronoms de la langue ne suffisaient pas à les dire.