Les révolutions européennes du XVIIe siècle, par force libelles, chants et cérémonies, se déroulaient sur une scène virtuelle et devant un public absent. Théâtre que les prises de palais et les sièges de cités rendaient manifestes pendant quelques temps. C’est pourquoi on parle encore de manipulation ou de machination en politique (on imagine que derrière chaque parole publique quelqu’un tire les ficelles) et pour cette raison que la satire morale de l’époque décelait dans les faits et gestes, non pas une histoire, mais un rôle tenu de bout en bout et à part entière. Derrière les acteurs se dissimulaient des auteurs, princes et grands, qui pensaient avoir pour eux la souveraineté de la mise en scène, la régie des décors, le privilège des bonnes perspectives. La Politique s’institua ainsi et le journalisme actuel croit encore pouvoir la critiquer en usant des procédés qu’elle-même inventa, mais que peut faire l’intrigue des petites histoires contre la pompe de la grande.