Graphites


_3235058-Graph by Géral Fauritte
Écrire, pour qui ne vécurent jamais au cœur, ce fut toujours, ou bien souvent, franchir une limite, un pont, un mur, un détroit : passer au travers. Pour d’autres, les mêmes, mais conduits à un destin totalement différent, les murs étaient bien trop hauts, les plumes trop douces et les cartouches en trop petite quantité pour que leur écriture puisse percer outre part : celle-ci se fit donc au jet, à la peinture, à la bombe ; on ne passa plus les limites, on défia l’obstacle lui-même. Étalée, maculée, maquillée, noircie dans ses marques, retracée dans ses bornes, la limite fut chargée (dans le vide même qu’elle comblait) d’une nouvelle écriture, moins lettrée, plus soudaine. La loi, désormais, n’énonçait plus en retrait où il fallait s’inscrire, c’est-elle-même qui était forcée à sortir ; c’est elle-même qui, sur les murs aveuglés, était condamnée à venir s’afficher.