Camarade

Un camarade vous aide, vous soutient, vous épaule : il partage votre peine. Qu’est-ce qui le différencie alors d’un psychanalyste ? Lui ne fait pas son beurre, son miel, de la souffrance qu’il reçoit. Il n’établit pas d’entrée de jeu de compensation, de contrat, pour ce qu’il accueille. Qu’est-ce qui le différencie d’un martyr chrétien dans ce cas ? C’est que cette peine qu’il vous prend et qu’il porte avec vous, ne s’accompagne pas d’un poids supplémentaire que le chrétien, lui, fait peser sur vos épaules, promettant seulement que tous deux en serez délivrés à la fin des temps. Le camarade allège, et s’il cherche à supprimer votre peine, en prenant tout sur lui ou en se déchargeant sur d’autres (les riches, les nobles, les grands), il se méprend à son tour : son aide compte de rendre plus fort l’un et l’autre ; car la souffrance n’est que l’effet d’une faiblesse qui vous domine. Fortifions-nous ensemble et cette peine deviendra délice, ou vice, l’occasion seulement d’un plaisir plus vif. On ne supprime pas la souffrance, on l’incorpore pour en jouir.