La démocratie, on le sait, ne se limite pas au vote, ni même aux disputes rhétoriquement rationnelles que l’on mène en assemblée — deux institutions plus anciennes et plus larges que toute tradition démocratique. La démocratie est au contraire l’institution réglée du conflit sous toutes ses formes, la plongée du gouvernement et de son autorité au cœur de luttes incessantes susceptibles d’être menées de multiples façons : comités de quartier, conseils de surveillance, pétitions, refus d’obéissance, émotions, actions en justice, comités d’usine, séquestrations, assemblées populaires, grèves du zèle, de la faim, du travail, émeutes, boycotts, insurrections, publications, coups d’état, coups médiatiques, sabotages, fêtes, révolutions, abstentions, négociations, occupations, contr’organisations, sécessions, constituent le jeu ordinaire des pouvoirs démocratiques. Reste à savoir si on veut les utiliser avant qu’ils ne tombent en ruines ou ne partent en poussière…