Libération de La femme

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Dans Le joli mai de Chris Marker et Pierre Lhomme (1963), précisément dans la seconde partie du film, un homme en train de danser le twist tout en étant interviewé livre son expérience de la danse. Je traduis ses paroles dans ma « langue », mon idiome : le plaisir qu’on atteint en tant qu’homme dans la danse ne nécessite plus aucune femme. La virilité qui ne devait avoir d’yeux que pour Elle, qui devait sans cesse fixer son regard sur cet objet transcendant qu’est La femme − issue exclusive et nécessaire de son désir − s’en passe soudain. BAM. Libération de la Femme. La virilité, presque fantomatique à force de ne désirer que le corps tout entier de la sœur, de la fille, de la mère, bref de toutes les femmes, prend possession d’un corps qui jusque-là lui était inconnu : celui qui se trouve − puisque on ne dira pas que ce corps était le sien avant qu’elle ne se l’approprie. Corps déchaîné, corps euphorique, corps tout entier à soi, dans lequel la virilité va se mettre à jouir d’elle-même. 

Du moins le crut-elle, croyant contenir dans son corps tous les possibles du corps. Vieille prétention. Forte rengaine.