Pluies d’été

Je ne capte du bout des doigts que des éclairs de pensée. Et encore, nommer cela des pensées est déjà trop dire. Beaucoup trop dire. Pour qu’elles le soient, comme celle qui advient à présent, il faudrait qu’elles fussent pensées, encore et et encore.

Je ne perçois, en somme, rien d’autre que des éclats de réel, des paillettes d’être sur fond de monde embrumé, rien de bien transcendant en fait, une vacillation fugace de la peau – le vent dans les feuilles –, un frémissement réflexe du bras – une branche qui plie –, une intonation vibrant au fond de la gorge – un passereau qui s’enfuit.

Moi-même ne suis que trop passager, que trop inconstant pour être bien sûr de recevoir à chaque fois quelque chose. Trop, je le redis, car il faudrait tendre un peu plus pour accueillir ces menus événements dans le large et puissant bois du tronc qui me soulève. Sans doute qu’un peu de concentration, une meilleure attention de l’oeil, de l’oreille, et même tout une batterie de pièges y changeraient quelque chose. Une plus grand clarté du peu que l’on tient, au risque de tout blanchir dans une saturation à l’excès.